confinement.

Depuis mars 2019, plus ou moins à l'arrêt, je décide de poser mon regard sur ma famille, confinée à Dompierre (CH/Fribourg). Une vie à cinq saisie à travers mon appareil moyen format.

ELSA

Elsa est atteinte du syndrome du Cri du chat, un trouble génétique rare qui concerne 1 enfant sur 20 000 à 50 000 naissances. Cette maladie méconnue tire son nom des pleurs aigus du nourrisson qui s’apparentent au miaulement d’un chat en raison d’une anomalie du larynx. «Touché par Elsa, sa famille et par cette solidarité, j’ai proposé à ses parents de contribuer à ma manière, avec mes outils, mon appareil photo, à cet édifice de solidarité. Accompagné de mon objectif et avec l’accord de son entourage, j’ai suivi Elsa durant un an à travers les saisons, chez son médecin, chez son physiothérapeute, dans sa rééducation, à la crèche, dans ses jeux, dans les bons et les moins bons moments, dans tout ce qui fait sa vie.»

culture et sport à l’arrêt.

Les salles de spectacles et d’entraînement sont fermées. Les artistes galèrent, les passionnés de sport dépriment. Comment montrer la culture et le sport amateur à l’arrêt dans ce contexte de crise sanitaire?
J'ai invité sept artistes et sportifs, actifs dans le canton de Neuchâtel, à revenir sur les lieux qui leur sont familiers. Seuls sur une scène ou un ring, dans les courants d’air d’un théâtre ou de locaux vides, ils et elles chantent, dansent, boxent, dribblent pour un public imaginaire.
Les décors démesurés sont recadrés comme des images d’architecture à la gloire du bâtiment. Et pourtant, c’est l’humain qui focalise tous les regards: Carine, Nikolai, Mathilde, Steve, Maëlle, Brigitte, Félix. Des battants, formés à l’école implacable du sport et de l’art. Si ces photographies rappellent le lourd tribut payé au Covid-19 par la culture et le sport amateur, elles nous racontent surtout des vies de passion.

à la rencontre de requérants.

A l’origine du travail que je présente aujourd’hui (décembre 2015), il y a mon envie d’aller à la rencontre de ces
requérants d’asile, qui, venus de Syrie et d’ailleurs, ont commencé à arriver en Suisse dès ce printemps.
Un petit chalet, équipé d’une connexion internet, a été mis à leur disposition à quelque distance du centre. Les requérants peuvent se connecter deux fois par semaine à internet et ainsi communiquer avec leurs familles et amis. Lors de ce premier contact, je m’immerge dans ce lieu, j’échange des signes, des sourires et je discute, un peu, avec eux. Personne ne parle le français, très peu l’anglais, mais nous nous comprenons, du moins pour l’essentiel. Je rencontre Haquim, un Syrien qui parle l’anglais, qui m’aide à communiquer. Je reviens un 2e jour, où j'installe un studio mobile juste à côté du petit chalet. Je prends ce jour-là une dizaine de portraits. Après la séance, je ramène en voiture, au centre de requérants, Dina et son fils, âgé de moins d’une année, ainsi que Haquim et son pote Jamal. L’entrée ressemble à une prison et je ne suis pas autorisé à y pénétrer. Deux jours après, j’y retourne
pour la troisième fois. Les requérants me reconnaissent, comme les bénévoles, qui m’apportent du café, car il fait froid. Pour ne pas déranger, j’installe mon studio photo à l’extérieur. Le chalet serait de toute façon trop petit pour accueillir tout le matériel d’éclairage. Samir, qui parle très mal le français, se fait mon interprète. Avec une deuxième séance l’après-midi même, je tire encore une dizaine de portraits. C’est dans la boîte, j’ai assez d’images pour une série. Je comprends maintenant pourquoi je voulais voir ces gens. Le contact a été très facile, agréable. J’ai vécu avec eux des moments forts, émouvants. J’avais juste besoin de les connaître pour constater qu’ils sont comme nous... Et pour ne plus jamais faire d’amalgame...